Paul est avide, il veut toujours plus. Son mantra se résume en une seule phrase : « Donne-moi tout ton fric ». Tout lui a toujours réussi dans la vie. Il a tout gagné. Il a toujours tout pris et tout gardé pour lui, mais ça c’était avant…

Paul est un homme d’affaires aguerri qui a fait fortune en exploitant la stupidité des artistes. Son plan est simple, acheter une surface immobilière, y construire une salle de spectacle et y faire jouer des artistes un peu naïfs.

Banal me direz-vous ?

Les maigres recettes de ses spectacles ne l’intéressent pas. Il est bien plus malin que ça ! Il a compris que l’argent est ailleurs. C’est dans l’immobilier qu’il pourra se faire des millions, rapidement et sans risques.

Paul sait qu’à chaque fois qu’un artiste vient jouer entre ses murs, c’est la valeur de son investissement immobilier qui s’envole. Pas seulement celui de sa salle de spectacle, mais aussi celui de ses petits commerces aux alentours.

Ok, là c’est beaucoup moins banal.

Il est malin ! Il se sert de la réputation des artistes pour faire venir le public dans son quartier. Quand il revendra, son investissement aura doublé, voir triplé de valeur. Mieux encore, il se sert des recettes de ses boutiques pour rembourser son crédit immobilier.

500 millions d’euros.

Ça peut paraitre beaucoup dit comme ça, mais en fait… non pas du tout. Paul a pensé à tout. Il a choisi de faire un emprunt hypothécaire pour pouvoir emprunter autant qu’il veut.

Il sait qu’au pire, s’il échoue, la banque retrouvera ses petits en devenant l’heureux propriétaire de biens immobiliers en plein Paris. La ville parfaite. Le marché immobilier y est euphorique depuis des années.

Un plan bien ficelé en somme.

Tout aurait très bien pu se passer, mais malheureusement pour lui, Paul a fait chier le mauvais gars.

Pour rentabiliser son investissement, Paul doit louer sa salle de spectacle à des prix mirobolants et pour Laurent, c’est tout simplement inadmissible.

Laurent est un chanteur de variété connu et reconnu qui remplit les plus grandes salles de ce pays depuis des années. À chaque fois qu’il joue à Paris, c’est la même histoire, il se fait dépouiller jusqu’à la moelle.

Paul me prend tout mon fric !

Rendez-vous compte ! La location d’une salle de spectacle coûte plus cher que l’intégralité des recettes de son concert ! Laurent est coincé. Paris est LA capitale artistique de France, impossible d’y échapper. Il doit impérativement y jouer pour exister.

Paris est son Golden ticket, son ticket d’entrée pour remplir les salles de toute la francophonie. Belgique, Suisse, Canada, Luxembourg… tous ces pays veulent voir des artistes qui cartonnent à Paris.

Paul est très malin, il a parfaitement compris le systeme, alors il a décidé d’augmenter ses tarifs... Une fois de plus. Il sait trop bien qu’à ce petit jeu-là il ne peut pas perdre, tous les artistes de ce pays vont payer sans discuter.

Oui, les artistes sont stupides.

Il sait que Laurent préférera toujours compenser les pertes qu’il subit à Paris en jouant son spectacle dans d’autres villes de France bien plus rentables. Au bout du compte, Laurent finira par s’y retrouver.

Paul s’est lourdement trompé cette fois-ci, parce que pour la première fois de sa vie, Laurent a décidé de se battre. Si si, il l’a vraiment décidé. Oui, un artiste. Oui, qui se bat. Mais si, c’est possible !

Cette fois-ci la situation est intenable ! Pour payer, Laurent doit quasiment doubler le prix de ses places. C’est bien trop cher ! Laurent sait très bien que le public ne viendra jamais à ce prix-là. Il doit annuler son concert, et ça, même pour un artiste, c’est dur à avaler.

Pour Laurent, le métier d’artiste n’a plus aucun sens aujourd’hui. Son rôle n’est même plus de divertir le public, il se résume à vendre des billets à plus de 100 euros pour rentabiliser des opérations immobilières débiles.

Les organisateurs se font construire des salles de spectacles à des prix stratosphérique et demandent ensuite aux artistes de les remplir avec des billets vendus à des prix inaccessibles pour leurs fans.

Les artistes doivent dire non.

Aujourd’hui, l’art n’est plus qu’un privilège de riches, réservé à une classe sociale aisée, qui vient pour se faire voir. Ils font partie d’un petit groupe d’entre-soi qui s’auto-congratulent et qui se félicitent de faire partie d’une élite qui apprécie les grands artistes.

Laurent est très en colère, c’est la fois de trop. Il ne s’agit plus simplement de son concert, c’est tout un système qu’il veut démolir. Il veut littéralement pulvériser les petits organisateurs véreux comme Paul et les remplacer par des organisateurs respectueux des artistes, de l’art et surtout des fans. Pour ça il a un plan qui se déroule en 4 étapes :

Affaiblir, isoler, encercler et poignarder.

Premièrement : Affaiblir.

Laurent a décidé d’organiser le plus grand boycott que la France ait jamais connu. Nom de code de l’opération : « Paris, ville morte ». La méthode est simple, plus aucun artiste ne joue de spectacle à Paris pendant au moins six mois.

Paul verra la fréquentation de ses boutiques réduites à néant. Il ne pourra plus rembourser son emprunt et devra puiser dans ses économies pour éviter le dépôt de bilan.

Deuxièmement : Isoler.

Paris ne doit surtout pas obtenir le soutien des autres villes. Pour qu’elles se réjouissent de ce boycott, l’entièreté de l’activité économique et culturelle de Paris sera transférée dans les autres régions de France.

L’industrie du spectacle leur servira de moteur économique. Laurent favorisera les régions en difficultés, oubliées des grands plans gouvernementaux, en y attirant les touristes qui auront déserté Paris.

Troisièmement : Encercler.

Laurent va obtenir le soutien des français et des élus. Il va se battre pour des lois qui luttent contre le mal logement, le réchauffement climatique et pour l’ouverture de salles de spectacle à des prix accessibles pour le public.

Son plan est de pousser les multi-propriétaires immobiliers, à vendre en masse leurs logements, en les matraquant de taxes et en les obligeant à réaliser des travaux de rénovations ou d’amélioration de performance énergétiques.

Le coût sera tellement élevé, qu’ils devront tous, du jour au lendemain, se débarrasser de leur bien pour éviter les sanctions.

Une grande quantité de biens se retrouvera en vente sur le marché immobilier, poussant les prix à la baisse. Il sera alors possible d’ouvrir de nouvelles salles de spectacle à des prix accessibles pour le public.

C’est à cet instant précis que Laurent lui portera le coup de grâce.

Quatrième étape : Poignarder.

Laurent réserve un traitement de faveur à Paul. Son boycott continuera, jusqu’à ce que sa banque cesse de financer des projets qui poussent le prix des billets à la hausse. La banque sera alors contrainte de mettra un terme à son crédit en lui saisissant l’intégralité de ses biens.

La baisse des prix de l’immobilier va l’achever.

Avec une baisse des prix de 10%, même après la saisie de ses biens, Paul aura encore une belle petite ardoise de 50 millions d’euros à rembourser à sa banque. Sa vie sera terminée, il ne s’en sortira jamais.

Oui, c’est très cruel, mais qu’est-ce que vous voulez, il y a des gens comme ça. Ils sont bien gentils, mais il ne faut pas les prendre pour des cons.