Comme la plupart de ses élèves, Bénédicte a été élevé par une mère absente au sein d’une famille monoparentale. Alors oui, elle sait très bien ce que c’est, que de rentrer de l’école toute seule, faire ses devoirs toute seule, se faire à manger toute seule, et surtout apprendre la vie toute seule.
C’est tout une génération d’enfants qui n’a personne à qui parler.
La vie est triste, quand on est une petite fille solitaire, trop habituée au silence d’une maison vide. La pauvre Bénédicte s’est sentie seule et abandonnée durant toute son enfance. Elle enviait ses copines qui avaient une vraie maman.
Une maman présente, une maman amie, une maman complice, une maman confidente qui partage les petits secrets et qui soigne les petits bobos.
La mère de Bénédicte travaillait dur pour payer les factures. Elle enchainait les petits boulots, parfois plusieurs en même temps, pour offrir à sa fille le minimum. De quoi se loger, se nourrir et se vêtir. Bien sûr, ça ne suffisait pas.
Les autres mamans la faisaient rêver.
Les mamans de ses copines étaient toujours là. Elles savaient toujours quoi dire, toujours quoi faire. Elles leur apprenaient à se coiffer, se maquiller, s’habiller ou faire de bons gâteaux. Plus important encore, elles jouaient avec elles.
Bénédicte était jalouse de ses copines qui avaient toujours quelqu’un avec qui s’amuser. Un grand frère, une petite sœur, un papa ou une maman. Elle aurait voulu jouer à tous ces jeux qu’elle voyait dans les pubs à la télé, les dessins animés ou les séries américaines.
Bénédicte aurait donné n’importe quoi pour avoir une maman qui la conseille, qui l’aide, qui l’écoute, qui la comprend, ou qui la soutient et en particulier quand elle avait le cœur brisé. Elle aurait voulu avoir quelqu’un avec qui parler des garçons.
Elle qui n’a jamais eu de père, a toujours cherché chez les garçons, un père de substitution. Elle recherche cette caricature du « bon père de famille » qu’on retrouve dans toutes les bonnes séries Disney.
Un super papa à la mâchoire carrée, aux épaules larges, fort et doux à la fois, qui traite sa fille comme une princesse. Un super papa, qui fait passer sa famille avant tout le reste. Un super papa qui fait de gros câlins, pour soigner de gros chagrins.
Bénédicte n’a jamais eu tout ça.
Fille unique, elle s’est jurée de ne jamais reproduire le schéma de ses parents. Enceinte trop vite, marié trop jeune, divorcé trop tôt. Bénédicte a trop souffert pendant son enfance, de « l’absence du père ».
Bien sûr, elle sait que pour elle, c’est trop tard, mais pour les autres, elle se dit qu’elle peut encore faire quelque chose. Dès son plus jeune âge, Bénédicte s’est jurée de faire tout ce qu’elle pourrait, pour offrir aux enfants, toutes ces choses qu’elles n’a jamais eu.
Bénédicte sera leur maman de substitution.
Les enfants qui s’élèvent tout seuls tombent dans tous les pièges de la vie. Pour apprendre de leurs erreurs, ils doivent d’abord tomber et malheureusement pour eux, ils ne peuvent pas compter sur la main tendue d’un parent aimant, qui les aide à se relever.
Bénédicte sera celle qui leur tend la main.
Depuis son petit bureau d’institutrice, Bénédicte parle de toutes ces choses qu’elle aurait voulu savoir quand elle était plus jeune. De toutes ces choses qui peuvent aider ces futurs parents, qui ne sont aujourd’hui encore que des enfants.
Dans sa salle de classe, Bénédicte leur enseigne la vie. Elle leur fait la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes, du partage des tâches ménagères, de l’égalité des salaires, de l’avortement, du mariage pour tous, de l’émancipation sexuelle, de la libération sexuelle des femmes, et bien sur du patriarcat. Accrochez-vous, c’est parti :
- Les relations hommes-femmes
Les relations entre les hommes et les femmes doivent être égalitaires. Les relations complémentaires, traditionnelles, religieuses, économiques, ou encore purement sexuelles, n’existent pas.
Les femmes doivent exiger des hommes qu'ils effectuent les tâches ménagères, qu'ils participent à l’éducation des enfants et surtout qu'ils restent à la maison et en particulier pendant le congé paternité, pour permettre aux femmes de saisir leurs opportunités professionnelles. Par contre si les hommes leur demandent de faire exactement la même chose, c’est sexiste !
- L'avortement
Aucune femme ne doit garder un enfant avant d’avoir fait des études et obtenu un emploi stable qui rémunère autant que celui d’un homme. « C’est son corps, c’est son choix ». Seules les femmes ont le droit de choisir si elles veulent avoir des enfants ou pas. Pas les hommes. Les hommes doivent assumer d'être père qu'ils le veuillent ou non.
- La PMA pour toutes
Une femme a le droit de faire un enfant toute seule et peu importe son orientation sexuelle. Les hommes non. Le mariage lesbien et la pma pour toutes les femmes, n’ont AUCUN impact sur la vie des enfants alors que Le mariage gay et la GPA, si.
- Sexualité
Avant de se marier, les femmes doivent d’abord explorer et découvrir leur sexualité. Elles doivent expérimenter l'hétérosexualité et l'homosexualité afin de découvrir leur identité et leur orientation sexuelle.
Le bodycount n'a aucune importance. Une femme a le droit d’avoir de multiples partenaires sexuels, hétérosexuels, homosexuels et bien sûr polyamoureux. Les hommes non. Ils doivent rester fidèles et s’investir sentimentalement sur le long terme, dans des relations sérieuses. Le polyamour au masculin n'existe pas, c'est de la polygamie.
- La contraception
Les hommes doivent utiliser les nouvelles méthodes de contraception, afin d’augmenter le plaisir sexuel des femmes. Le corps des femmes n'a pas à subir d'altération médicale pour le seul plaisir des hommes. Fini la pilule ! Les hommes eux doivent passer au bistouri. Vive la vasectomie !
- Patriarcat
Les hommes doivent changer pour les femmes. Ils doivent se déconstruire pour renoncer aux valeurs du patriarcat. Ils doivent explorer leur sensibilité, découvrir leur part de féminité, pleurer en public, exprimer leurs sentiments et leurs émotions. Les femmes elles, n’ont pas à changer quoi que ce soit pour les hommes, ils doivent les accepter comme elles sont.
- Changement de sexe
Le genre n’est qu’une construction sociale que chacun est libre de choisir. Le changement de sexe, de genre, ou d’orientation sexuelle est un droit, une liberté fondamentale que l’on peut exercer dès l’âge de 5 ans.
- Choix du genre
En plus du genre masculin et féminin, il y a le genre « non binaire », « gender queer », « gender fluide », et « intersexe ». On peut se sentir « homme », « femme », « ni l’un ni l’autre » ou « les deux à la fois ». La science à tort d'affirmer que ce n'est une question de chromosome X ou Y. Il faut lutter contre l’hétéronormativité.
- Religions
Les religions ne sont que des instruments d’oppressions inventés par les hommes, pour limiter les droits des femmes et les rabaisser à de simples taches ménagères et de procréation. Pour lutter contre le patriarcat devenez athés.
- Privilège blanc
Il faut mettre fin au « privilège blanc », qui permet aux personnes « non racisées », de bénéficier d’un ensemble invisible d’avantages non mérités, dû à la simple couleur de leur peau. Les blancs doivent demander pardon et payer des indémnités financières aux racisés en réparation de l'esclavage et des persécutions.
- Et enfin, l'écologie
La seule façon de lutter contre le réchauffement climatique est de faire payer le grand capital, les multinationales et les miliardaires. Quand vous serez grands votez écologiste, sinon vous allez tous MOURIR !
Comme vous pouvez l’imaginer, les parents d'élèves ont hurlé. Son école a literalement brulé.
Des groupes de parents en colère se sont réunis devant son école, pour exiger la mise à pied immédiate, de celle qu’ils décrivent comme : « une militante politique, qui endoctrine leurs enfants, afin d’influencer leur vote, lorsqu’ils seront en âge de voter. »
En réponse, d’autres groupes de parents ont organisé une contre-manifestation, pour soutenir celle qu’ils décrivent comme : « une défenderesse des droits et des libertés, ou encore comme une institutrice courageuse, qui véhicule un discours progressiste de vérité, en parfaite adéquation avec les évolutions de la société. »
La manifestation a très vite dégénéré.
Des échauffourées ont éclaté entre d’un côté des militants fascistes et des extrémistes religieux, et de l’autre, des violents Black-blocks d’ultra gauche et des antifascistes laïques pro LGBT.
Insultes, menaces, agressions physiques, violences verbales, slogans haineux, graffitis, jets de projectiles, on se serait cru en pleine guerre civile. L’entrée du bâtiment scolaire a même été incendié par un cocktail molotov !
Pris de panique, le gouvernement a envoyé en urgence son ministre de l’éducation nationale pour tenter de calmer le jeu. Sans surprise, il a fait ce que font tous les ministres, quand on leur demande de résoudre un problème :
Il s’est défaussé de toute responsabilité.
Après un beau discours poignant sur les dangers de la montée de tous les extrémismes, le ministre a mis Bénédicte à pied, à titre conservatoire, en attendant les résultats d’une enquête interne, basée sur le droit du travail.
En d’autres termes, tout est de la faute de Bénédicte. Quant au wokisme à l’école primaire : Même pas en rêve.